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FRONT-EUROPA
24 novembre 2006

Opération Hannibal (1945)

La plupart de nos compatriotes seraient certainement surpris d’apprendre que la plus grande catastrophe maritime de toute l’histoire n’a pas eu lieu en 1912, avec le naufrage du Titanic et ses 1.503 morts, mais en Mer Baltique durant l’agonie du Troisième Reich.

wilhelmg8Le drame se déroule pendant les derniers mois de la lutte désespérée des forces allemandes tentant de freiner le rouleau-compresseur de l’armée soviétique, forte d’une supériorité numérique écrasante et richement pourvue en armements et équipements américains gracieusement fournis par Roosevelt à son camarade Staline.

Le 13 janvier 1945, les troupes du général Tcherniakhovsky déferlent sur la Prusse Orientale. Sur des panneaux érigés le long des routes par les commissaires politiques de l’Armée Rouge, on peut lire : « Soldat, rappelle-toi que tu es dans le repaire de la bête fasciste ». Les Allemands savent à quoi s’attendre. Ils ont lu les récits et vu aux « actualités » les images des atrocités commises par les Bolcheviques lors d’une première incursion dans le village de Nemmersdorf, en octobre 1944.

Les provinces orientales du Reich se retrouvent bientôt encerclées par l’avance soviétique. Plusieurs millions de réfugiés qui fuyaient vers l’Ouest, par des températures glaciales, tentent alors de rejoindre les côtes de la Baltique. L’amiral Konrad Engelhardt est en effet chargé le 21 janvier par le grand Amiral de la Flotte Karl Doenitz, chef de la Kriegsmarine et futur et éphémère Chancelier, de mettre en œuvre, sous le nom de code « Hannibal », une gigantesque opération d’évacuation des populations civiles par voie maritime. Sur son ordre, tous les navires disponibles se trouvant dans la partie orientale de la Mer Baltique sont réquisitionnés : on comptera jusqu’à 790 bâtiments de la Kriegsmarine, mais aussi de la marine marchande, des paquebots, ainsi que des embarcations moins importantes appartenant à des particuliers. Les réfugiés, lorsqu’ils réussissent à traverser la baie de Königsberg recouverte de glace et à échapper aux avions soviétiques qui mitraillent leurs colonnes, s’entassent dans les ports de Pillau, de Gotenhafen ou de Dantzig, pilonnés quotidiennement par les Rouges, où ils attendent l’ordre d’embarcation. Au total, l’opération Hannibal permettra d’évacuer, jusqu’en mai 1945, deux millions d’Allemands de Poméranie et de Prusse Orientale. Le dernier convoi, avec 43.000 réfugiés, prend la mer le 6 mai 1945. Deux semaines après la capitulation, des navires chargés à bloc continuaient à atteindre les ports du Schleswig-Holstein.

C’est lors de cette opération qu’a lieu, le 30 janvier 1945, le torpillage du Wilhelm Gustloff, à l’origine fleuron de la Kraft durch Freude (l’organisation nationale-socialiste pour les loisirs des travailleurs), affecté ensuite à la Kriegsmarine comme navire-hôpital. Par – 10°, son pont couvert de glace, sans escorte autre qu’un torpilleur léger, chargé de milliers de passagers (des estimations récentes parlent de 8.956 refugiés, 918 officiers, sous-officiers et marins de la 2.Unterseeboot-Lehrdivision, 373 jeunes femmes des services auxiliaires de la Marine, 163 membres d’équipage, ainsi que 162 soldats gravement blessés), le bâtiment est une cible facile. A 21 heures 8 minutes, le sous-marin soviétique S-13 tire trois torpilles sur le Wilhelm Gustloff, qui coulera en 90 minutes. Moins de 1.100 personnes seront sauvées par les navires accourus à la rescousse. Des blessés du front de l’Est, étendus dans la grande salle de bal, et des auxiliaires féminines de la Marine, installées dans la piscine, aucun ne réchappera.

S’il fut le plus meurtrier, ce naufrage ne fut pas le seul. Le même sous-marin S-13 – dont le commandant, le capitaine Marinesko, sera fait Héros de l’Union Soviétique en 1990, à titre posthume – torpille, le 10 février 1945, le navire-hôpital General von Steuben, qui sombre avec les 3.500 blessés de la Wehrmacht qu’il transportait. Le 16 avril, c’est au tour du navire de transport Goya, dont on estime qu’il embarquait entre 6.000 et 7.000 réfugiés, frappé par un autre submersible soviétique. On comptera seulement 183 survivants. Enfin, le 3 mai 1945, c’est un chasseur-bombardier britannique qui attaque et coule, dans le golfe de Lübeck, le paquebot Cap Arcona, arborant une grande croix rouge et chargé de milliers de réfugiés et de prisonniers évacués des camps de concentration. Les corps d’une partie des 7.300 victimes échoués sur le rivage, y demeurèrent durant tout l’été 1945. Ils sont aujourd’hui enterrés dans une fosse commune sur la plage de Neustadt, dans le Holstein.

Somme toute, leur sort ne fut pas moins enviable que celui des civils qui ne parvirent pas à échapper à l’avancée de l’Armée Rouge. L’ampleur des atrocités commises par les Bolcheviques, le nombre effrayant des viols collectifs, des tortures, des massacres, souvent perpétrés sur des femmes et des enfants en bas âge, sont attestés par des témoignages nombreux et des rapports officiels, même soviétiques, que l’historiographie récente tend à redécouvrir et à exploiter, ce qui devrait contribuer à terme, du moins nous pouvons l’espérer, à discréditer définitivement l’ « histoire » officielle, manichéenne, écrite par les vainqueurs de 1945.

Eléments de bibliographie.

DE ZAYAS (A.-M.), A Terrible Revenge. The Ethnic Cleansing of the East European Germans, 1944-1950, New York, St Martin’s Press, 1994.

LAUNAY (J. de), La Grande Débâcle, Paris, Albin Michel, 1985.

SCHON (H.), Der Untergang der Wilhelm Gustloff, Göttingen, 1952.

THORWALD (J.), Die Grosse Flucht, Stuttgart, 1950.

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